L'identité narrative, du récit de soi au récit des peuples

par Florence BOISSON

 

  • Vendredi 18 Mai à 19h30 au Pavillon Duhamel

L'identité narrative : du récit de soi au récit des peuples

«Le récit commence avec l’histoire même de l’humanité; il n’y a pas, il n’y a jamais eu nulle part aucun peuple sans récit» écrivait Barthes et l'histoire enseigne effectivement, de la constitution de mythes fondateurs à la tentative politique d'élaboration d'un "roman national", que tout récit comprend un enjeu : identitaire, communautaire, le récit est témoignage de ce que l'on est ou de ce que l'on a été, double d'une vie ou du passé. Ainsi toute vie devrait pouvoir s'écrire, se raconter, ne pas être condamnée au silence et tout individu serait porteur d'une "identité narrative".
Il s'agira, dans un premier temps, d'élucider le sens d'une telle formule, en revisitant la pensée de celui qui, le premier, en tire un concept, le philosophe américain Alaisdair MacIntyre, d'en mesurer les limites, notamment par la critique de "l'illusion biographique" qu'élabore Bourdieu, pour mieux apprécier le sens, éminemment éthique, que donnera Paul Ricoeur à l'expression, dans l'un de ses derniers ouvrages, Soi-même comme un autre.
Si, lorsqu'elle est centrée sur l'individu l'identité narrative peut évoquer des pratiques aussi variées que l'autobiographie ou la psychanalyse, généralisée à toute une communauté, le principe du témoignage conduit aux mécanismes d'excuses d'Etat, de justice transitionnelle et de réconciliation tels qu'ils ont pu se pratiquer avec plus ou moins de succès, en Allemagne, en Afrique du Sud, Espagne, aujourd'hui en Tunisie, parmi d'autres. Concept issu de la philosophie morale et éthique, "l'identité narrative" est ainsi devenu outil "curatif" et thérapeutique, appliqué aux situations des populations meurtries par les crimes et violences de masse : comment expliquer la popularité et l'engouement d'une telle notion ?

Présentation de l'intervenante

- Après des études en philosophie morale et politique et quelques missions de recherche au sein du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, Florence Boisson est devenue professeur de philosophie dans le secondaire, elle enseigne à Mantes-La-Jolie depuis 2017.

Date de dernière mise à jour : 09/09/2018