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Autour de l'Art: N.ROUMEAS

un cycle de conférences proposé par EvaDT

"Les langages de l'art" par Nicolas Roumeas

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  • Vendredi 14 Novembre 2014 à 19h30 à l'Agora - Salle A

Présentation de la conférence

L'art est un outil qui sert à créer des langages, là où ces langages manquent. C'est selon moi ce qui est à l'origine de sa naissance. Au fur et à mesure de l'évolution des humains, ses différents langages se sont spécialisés, sont devenus de plus en plus précis et techniques, et leur faculté poétique (ou poiétique) s'est amoindrie au fil du temps, en particulier pour ce qui est de l'Occident.
Alors, certaines choses ne peuvent plus se dire, en particulier face à de grandes difficulté, face à des peurs, des angoisses, ou encore face à l'émerveillement devant le renouvellement de la vie, car leur charge émotionnelle les fait échapper à la sphère de la pensée rationnelle.
Il faut donc inventer d'autres langages. Cette fonction de réponse à une situation inquiétante ou bouleversante, devant laquelle on reste habituellement sans voix, on la retrouve dans de nombreux rituels de sociétés dites "premières", en Afrique et en Asie, notamment.
Elle agit à l'intérieur d'un univers où la spiritualité est partout, diffuse, et où le symbole peut donc prendre toute sa force pour chaque membre d'une collectivité. Mais on la retrouve aussi chez nous, en cherchant bien, dans des lieux de relégation, hôpitaux, prisons, quartiers dits "difficiles", etc. où la difficulté nous oblige à retrouver le rôle véritable de l'art : inventer des langages, là où ils manquent.
Et c'est ainsi que le geste artistique, en répondant à une véritable nécessité, se trouve dans l'obligation d'inventer des formes, des langages qui n'existaient pas auparavant : parce que c'est indispensable. Jean Dubuffet le dit ainsi : «L'art ne vient jamais se coucher dans les lits qu'on a préparé pour lui».
Les formes artistiques ne s'inventent pas loin du monde, mais en réponse au monde, parce que les Hommes, à certains moments, ont un besoin vital de dire des choses que le langage ordinaire est impuissant à exprimer.
C'est pour cela qu'une société sans art est une société mourante. C'est pour cela que l'art, contrairement à ce que prétendent de nombreux "experts" est un véritable outil de la collectivité humaine pour produire du sens là où il manque, et non un "supplément d'âme"…

Présentation du conférencier

NICOLAS ROMEAS – directeur de la rédaction-fondateur de la revue Cassandre/Hors Champs

Initiée en 1995 par Nicolas Roméas, alors journaliste à France Culture, l’équipe de Cassandre/Horschamp s’applique depuis dix-huit ans à fabriquer une série d’outils pour travailler, sur plusieurs plans, à approfondir la relation art/culture/société.

Elle l’a d’abord fait avec Cassandre, une revue culturelle qui s’efforce d’analyser et de donner à connaître et les pratiques de l’art qui s’élaborent au contact des lieux « difficiles » de notre société (univers thérapeutique, social, carcéral...) en les mettant en perspective dans leurs contextes géographique et historique, en prenant en compte leurs évolutions et leur rapport à leurs univers d’origine.

La mission que nous nous sommes donnée consiste donc à la remise en contact des pratiques de l’art avec les questions cruciales posée par la société contemporaine. Nous le faisons tout particulièrement dans ce que l’on pourrait appeler des lieux de « grande difficulté », par l’analyse, l’explicitation, le témoignage, l’édition de textes, et en organisant des rencontres. Nous sommes en effet persuadés que le monde de l’art, en s’éloignant peu à peu de ses réalités historiques et du « terreau » dont il est issu, en perdant progressivement sa faculté d’aller-retour, voit dangereusement se réduire sa force intrinsèque et son efficacité.

Date de dernière mise à jour : 13/08/2016